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Que dire sur ma peinture, sur la peinture ?

Parler de peinture est pour moi doublement paradoxal, tout d'abord parce que je peins justement pour ne pas parler ou plutôt pour "me dire" par d'autres moyens que des mots, ensuite parce qu'il m'est difficile d'écrire sur ma peinture alors qu’une grande partie du temps que je consacre à sa réalisation consiste à "écrire dessus".

Il me semble que l'on ne peut pas parler, ni écrire sur sa peinture, comme d'ailleurs sur toute expression artistique, mais seulement parler "autour"; dire le contexte, les moyens, les préalables; expliquer quelques points techniques. On peut essayer de dire ce qui "meut", ce qui "émeut"; ce qui fait qu'un jour on se met devant une toile, devant des couleurs, des papiers, des pinceaux et que l'on tente de faire quelque chose avec cela.

J'ai toujours été gêné par une conception de l'art ou de la création conçu comme un objet qui nécessite des explications, un décodage; des œuvres envisagées ou interprétées comme des rébus, des images derrière lesquelles existerait un sens caché et qu'il faudrait découvrir.

J'ai commencé à aimer lire de la poésie lorsque j'ai "désappris" à essayer d'en trouver le sens caché, lorsque je me suis laissé prendre, surprendre, sans chercher à comprendre. Aujourd'hui je pense que si l'on peut essayer de découvrir pourquoi une œuvre vous touche, vous interroge, vous parle ; je ne crois pas que l'on puisse la comprendre. Peut être que ce qui me dit qu'une peinture est réussie se trouve justement dans l'impossibilité de la déchiffrer, de l'interpréter. Il me semble que l'on a réussi quelque chose en peignant, en écrivant, si l'on a rendu le spectateur un peu auteur, si on lui a proposé une machine à rêver. Mais il est nécessaire pour cela d'arriver à créer une "œuvre ouverte" qui peut être entendue avec de nombreux sens ; c'est sans doute pourquoi je ne souhaite pas donner à mes tableaux des titres trop "parlants" qui les enfermeraient dans une signification bien définie, sans laisser de "portes béantes" vers l'interprétation de l'observateur.

Je me demande parfois quelle est la raison profonde qui amène à se mettre devant une feuille de papier, une toile ou un instrument de musique pour essayer d'en "faire quelque chose". Curieusement et contrairement à ce que pensent le plus souvent ceux qui ne le font pas je ne peux pas dire que cela me donne du plaisir; ce que je ressens devant une peinture que je viens de terminer est le plus souvent un sentiment de l'ordre de l'insatisfaction, du doute. Insatisfaction parce que je suis rarement un spectateur indulgent devant ce que je viens de faire, puis doute car j'ai toujours l'impression en face de ce processus laborieux qu'il me sera difficile, et même peut être impossible de réussir à produire autre chose, comme si j'avais tiré de moi même tout ce que je me sentais capable de dire et de faire.